Honnêtement, quand je me suis dit que je voulais bien faire part de mes coups de cœur sur le blog, j’ai d’abord cherché quels artistes m’avaient marqué, et le rôle de la médiathèque dans cette histoire. Tout de suite, 2 noms ont sonné comme une évidence : Danyel Waro et Christine Salem. 2 voix intenses, brûlantes, engagées, celles qui m’ont ouvert la porte du maloya, cette musique traditionnelle de la Réunion. Mais voilà, à quoi bon partager un coup de cœur pour des disques qui sont peut-être retournés à la MDN ou en prêt dans d’autres médiathèques ? C’est que cela fait bien 6 ou 7 ans que j’ai rendu les exemplaires de la médiathèque pour m’empresser d’acheter tout ce que je trouve de ces 2 -là. Que cela ne vous empêche pas d’aller les découvrir….

Le maloya, pour moi, vieux conservateur que je suis, c’est une voix, des chœurs, le kayamb et le rouler, point, rien à rajouter. Pourquoi rajouter à ce qui est déjà complet ? Les mélodies sont riches, les chanteurs et chanteuses tellement présents dans leur voix pleines et entières. Alors, moi, les orchestrations intimes, épurées, allez, disons-le, ascétiques, me conviennent parfaitement. J’aime l’épure, les musiques acoustiques.
Et puis voilà, la médiathèque met en rayon Trans kabar : Maligasé

Du maloya avec batterie, contrebasse et guitare électrique. Intransigeant mais ouvert, prêt à remettre en question mes dogmes musicaux, j’écoute. Et là, la preuve que le maloya électrifié, ça sonne, ça claque. On retrouve l’aspect tribal, musique de transe propre à toutes ces musiques traditionnelles populaires. Et puis le blues, quand il a rencontré l’électricité, il a gardé son groove, sa pulse, son identité. Même chose ici. 7 titres, près de 40 minutes organiques, avec juste l’envie de se laisser porter dans leur son volcanique électrique. Le groupe a su garder l’aspect spirituel de cette musique, l’électrifier au sens noble du terme sans effet variété et sans aseptiser cette musique sauvage. Dans ce type de musique, le risque, c’est un batteur qui n’a pas assimilé la rythmique intrinsèque à ces musiques. Là, ça marche. Le guitariste et le bassiste sont toujours au service des mélodies sans faire d’esbroufe. Tout a l’air facile quand ils jouent, preuve qu’ils sont bons, très bons. Et la voix, les voies, moi, ça me remue l’intérieur. C’est l’énergie du maloya à laquelle on rajoute celle du rock, le sauvage, avec juste des vieilles distorsions et un chouia de reverb.
L’intro de Di mwin la tonbé, et tout le reste du morceau d’ailleurs, la classe, un …’tain de morceau, un sacré arrangement, une voix, une guitare qui tourne en boucle à souhait ! Et quand sur Maligasé, cette montée progressive vers l’explosion, vers toujours plus fort, plus intense, plus hypnotique, alors je dis merci la médiathèque de la Croix du Bac pour ces pépites permanentes.
https://www.facebook.com/Transkabar/
Pensez à aller à l’étage. Même à l’époque du streaming et de la musique en ligne, on peut encore découvrir sans algorithme.