Il y a des dimanches qui font du bien. Celui-là commence tranquillement par une matinée ensoleillée et collective dans le jardin de la médiathèque, se poursuit à vélo et finit devant un film, l’incontournable film du dimanche soir.
Chronique 1
« Roxane », c’était jusqu’ici la cousine de Cyrano, et l’héroïne d’une chanson. D’ailleurs, la seconde tient son nom de la première, soit dit en passant. Maintenant, c’est surtout le nom d’une poule, star d’un film. Un film qui parle d’un agriculteur bio éleveur de poules en plein air, voilà qui donne envie, donne des idées. On se prend même à rêver que tous nos voisins le regardent.

Raymond élève ses poules et il leur lit quotidiennement des extraits de Cyrano. Forcément, il a déjà toute notre sympathie. Quand la coopérative annonce qu’elle n’achètera plus ses œufs, ni ceux de ses collègues, chacun cherche une solution, à sa manière. Raymond, sa manière, c’est d’interpeller les internautes avec des vidéos mêlant théâtre et agriculture. Faire le buzz est-il suffisant ? Son épouse ne comprend pas, sa fille le soutient. C’est ces histoires, ces relations que nous raconte ce film. C’est la rencontre entre un paysan et sa voisine anglaise, les préjugés qu’ils doivent faire tomber. Le scénario est touchant, les acteurs sont tous à leur place. Guillaume De Tonquédec, qui joue Raymond, est juste parfait. Un acteur qui joue un paysan qui rêve d’être comédien, ça doit être jouissif, surtout un paysan comme Raymond. Léa Drucker est aussi juste dans le rôle de l’épouse toujours amoureuse, mais qui doute, s’inquiète. Mais vraiment, mon gros coup de cœur va à Lionel Abelanski, le beau frère, un doux dingue un poil exalté.
Si ce film est aussi authentique (mot fourre tout, mais c’est le seul qui me vienne en tête), c’est parce que les consultants embauchés pour ce film sont des agriculteurs. Que dire de plus ?
J’aime bien les films du dimanche soir. P.L.
Chronique 2
Et puisque l’on en est à causer agriculture et cinéma, empruntez « Trait de vie », bien rangé avec les dvd et les livres sur l’environnement, à côté de la grainothèque.
On quitte la fiction pour le reportage. En fait, non, pas un reportage, plutôt le portrait de plusieurs agriculteurs et paysans qui utilisent la traction animale. Maraîchers, céréaliers, débardeurs nous racontent leur relation avec âne ou cheval de trait. Quand le débardeur raconte que son cheval c’est son collègue, et qu’évidemment, il ne va quand même pas manger ses collègues, moi, je craque.

Ce franc parler, rugueux, direct, simple, ou l’art de tout dire avec rien. Et c’est ça l’esprit de ce film : nous toucher avec ces personnages, leur motivation, leur galère, leur doute, leur énergie. C’est un reportage qui n’explique pas, ne milite pas, mais qui raconte une histoire, nous fait rentrer dans la vie de ces gens. Ni idéalisme ni nostalgie passéiste, juste une tranche de vie. Et puis non, la vie d’agriculteurs qui coopèrent avec un âne n’est pas toujours un long fleuve tranquille, le film sait le montrer aussi.
A la fin, on se dit que l’image et le son des chevaux de trait dans les champs, c’est quand même autre chose que les énormes machines actuelles. D’accord, les banques ne seraient pas d’accord, mais bon, il y a plus grave.
Et si l’image ne vous suffit pas, que vous voulez voir, sentir, ressentir vraiment cette histoire de traction animale, allez faire un tour au Doulieu, au Jardin des Loufs.
Être accueilli par un cheval blanc d’écume, qui ramène dans sa carriole quelques centaines de kilos de céleri dans le noir de l’hiver , voilà qui vous réchauffe tout le corps. P.L.
Une réflexion au sujet de « Chroniques agriculturelle….. »